" Crise du
logement d'urgence : où en sommes-nous aujourd'hui ?
Le 21 mai dernier
avait lieu une soirée-débat sur l'hébergement d'urgence et plus généralement
sur les questions liées aux flux migratoires animée par François Roche (ANEF63)
et 2 invités : M. Hertz (Secours Catholique) et M. Bouhier pour la Cimade.
En introduction, François Roche présente quelques données
sur le département où l'ANEF est responsable du Service d'Information Accueil
et Orientation : Le 115 c'est 28 000
appels pour demander un hébergement d'urgence dont 60 % émanent de familles. En
2014 et début 2015, on constate une augmentation des demandes d'hommes seuls,
une baisse des places en hôtel et une hausse en hébergement.
Pour le Secours Catholique, son service de logement
d'urgence s'est transformé en service de logement permanent, sa mission n'étant
plus de loger mais d'accompagner les gens : 95 % des logements dont dispose le
SOS sont occupés par les familles de migrants. Même constat pour la Cimade qui
indique que "les processus de régularisation sont trop longs" d'où
saturation des structures; il signale par ailleurs un dispositif d'alternative
à l'hôtel qui a été mis sur pied.
La discussion entre participants et intervenants dans cette
réunion a souligné plusieurs points :
La crise de septembre 2013 est résolue; les associations ont
eu un rôle essentiel place de Jaude et par la suite. Depuis, des efforts ont
été faits pour mettre à l'abri, plus souvent maintenant en établissements ou en
appartements isolés. Mais les besoins réels ne sont pas couverts : il existe
encore des gens à la rue (y compris des enfants parfois), trop de squats, trop
de changements d'une place à l'autre, pas assez de stabilité pour les personnes
accueillies et pas assez d'accompagnement.
A un niveau plus général et surtout pour les personnes
migrantes ou demandeuses d'asile, l'inquiétude partagée par tous est la montée
des nationalismes et l'égoïsme de nos sociétés. Il faudrait une autre
organisation citoyenne universelle basée sur le "bien vivre".
Autres préoccupations : le désengagement de la jeunesse
influencée par l'argent, la religion et la désinformation. Par ailleurs, nous
sommes dans une société vieillissante, peu ouverte à l'étranger.
François concluait sur une note plus optimiste : s'il est
vrai qu'il y a "des citoyens de seconde zone" qui vivent sans papier,
je fais néanmoins confiance aux jeunes. Il semble qu'ils soient aussi généreux
que nous l'étions. Même s'ils ne croient pas dans nos valeurs et dans nos
démarches, ils sont généreux et en tant que citoyens du monde, ils se
mobilisent sur des projets ponctuels plutôt que sur le projet politique d'un
pays."
L'actualité de cet été montre combien la situation des
migrants est grave et inacceptable. Souhaitons que la prise de conscience au
niveau international qui semble s'amorcer se traduise au plus vite par des actes
concrets pour qu'enfin l'Humain soit remis au cœur de ce qui donne du sens à la
vie. L'ACO prendra toute sa part dans ce combat.